Ce titre m'a fait penser à une phrase de Beaudelaire :
« Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
Pas facile de marcher dans le monde, lorsque l'on a une telle taille. Kennedy a dit : lorsque le Général de Gaulle change de place dans une pièce, le centre de gravité se déplace avec lui. Tout était dit.
Et oui, toute sa vie, il a dû marcher ; contre les égoïsmes, les conservatismes, les jalousies, les féodalités, les immobilismes. Souvent, beaucoup, se sont liés contre lui,- jamais le peuple.
Quelle époque de géants a t-il vécu : Les Churchill, Roosevelt, Staline, chacun défendant son pré carré : les intérêts de sa nation. Que de conflits d'intérêts il a fallu gérer. Chacun
protégeant son armée et son corollaire : « la politique étrangère ». Le Général de Gaulle a su, avec peu , mais énormément de courage, défendre les intérêts de la France, contre tous,
pendant ces années noires.
Le 18 juin 1940
La France est au bord du désespoir, lorsque soudain une voix se fait entendre, et avec elle, surgit l'Espoir : Rappelons pour les jeunes
« A mesure que s'envolaient les mots irrévocables »
Début de ce que nous appelons le «Gaullisme» qui, disons-le tout net, n'est pas une idéologie, mais l'Histoire.
L'APPEL : Un réflexe d'honneur, avec la volonté de respecter la parole donnée. Mais aussi de la stratégie, et de la vision
« La France a été vaincue par l'arme mécanique de l'ennemi, mais les mêmes armes, utilisées par les nations libres pourront le vaincre un jour ». Il sait, il prévoit, il devine et
il amènera la France à tout reconquérir : honneur, grandeur et prospérité.
Le 18 Juin 1940, le Général entre dans l'Histoire franchissant seul, ou presque, le Rubicon. Il devint la France, il devint l’État, il fut le Gouvernement. Il parla, au nom de
notre France, d'indépendance et de sa souveraineté.
IL A ETE CE JOUR LA, LA VOIX DE LA FRANCE RÉSISTANTE
Auparavant, le Gal avait préconisé l'arme mécanique : Seul Paul Reynaud l'a écouté, mais trop tard. Une seule division de chars a été constituée dont le colonel de Gaulle a prit
le commandement et mena les deux seules contre attaques que la France a engagées en mai 1940 : Abbeville et Montcornet. de Gaulle a dominé le champ de bataille de
bout en bout, si la victoire nous échappa c'est faute du manque de carburant que le pouvoir n'a pu fournir.
Sous-Secrétaire d'État à la Guerre, de Gaulle lance un nouvel appel pour moderniser l'armée. Nul n'a voulu entendre et ce fût Londres.
« La France a perdu une bataille, elle n'a pas perdu la guerre »
Et l'Appel avec son rejet de la capitulation, de l'asservissement. Appel à l'honneur, au bon sens, à l'intérêt supérieur de la Patrie.
« Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance ne s'éteindra jamais »
A l'inverse de la demande d'armistice qui a été le désespoir, l'Appel, fût l'ESPOIR.
Rappelons aussi, car ils sont souvent oubliés, les 96 000 soldats Français, morts au combat, n'oublions pas les prisonniers.
Avant cette épopée, de Gaulle avait su tirer le meilleur de toutes les époques qu'il a traversées :
-D'abord celle de L'initiation avec l'éducation reçue de son père
Il est élevé dans la religion du Drapeau.
- Puis: L'épreuve, la grande guerre de 14, ses tranchées, les blessures, les 32 mois d'internement et les tentatives d'évasion.
Ensuite, l’œuvre d'écriture et de pédagogie ; L'officier de Gaulle plaide avec raison pour une armée mécanique.
Puis viendra la période de contestation où il remettra en cause la vision passéiste de la guerre et la stratégie de ses propres chefs.
Vinrent la guerre, ses deux contre-attaques à la tête de ses chars, sa nomination au Gouvernementn sa mission à Londres qu'il transforme en bras armé d'une résistance qu'il suscite. Sa fureur devant
la politique des abandons à laquelle il dit NON.
Quel insondable malheur fit qu'une pareille politique fut endossée par l'extrême vieillesse d'un chef militaire glorieux.
Il voit l'épée de la France se briser, Il combat le fascisme, car à l'inverse de Pétain. Il avait lui, pris la dimension idéologique des problèmes posés pour l'Occident par le péril
fasciste .
Alors ce fût l'épopée
Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle ramasse le tronçon du glaive de la France, ce qui lui apporte la légitimité dont il put se prévaloir. Tout comme le 11 novembre qui suivra, Pierre Lefranc
en remontant les Champs Elysées, suscite l'esprit de la résistance.
Réaction d'honneur, acte de défense nationale. Il fallait sauver la nation et pour cela, le Général a appelé les Français à se mettre au service de la France. « Ce n'est
pas en partageant les chaînes de leur mère captive que ses fils prouvent le mieux leur amour : c'est en les brisant.
La liberté n'a pas de prix, nos Pères ont payé cher NOTRE liberté, aux prix de la torture , de l'enfermement et aussi de la mort.
Que les jeunes apprennent ce que nous devons au Général de Gaulle : -avoir su susciter chez nombre de Français la volonté de combattre le régime nazi. S'être opposé à nos
Alliés. La bataille menée, pour que la France en 44 redevienne, seule maîtresse de son destin.
Sortir la France de la méfiance d’un Roosevelt qui portait un mépris total à la souveraineté française a été une tâche ardue.
Jeunes des France apprenez : Qu'officiellement, Roosevelt a parlé de l’occupation de la France. Il avait mis en route le projet AMGOT avec lequel, des préfets américains avaient été
formés aux Etats-Unis pour nt gérer la France ». Une monnaie d’occupation avait été imprimée aux Etats Unie et distribuée pour remplacer le Franc.
Pas confiance, mais pourquoi ? la France avait fait ses preuves. Bir Hakeim. Le Général a inscrit en lettres de sang l’épopée de nos héros
« La nation a tressailli de fierté en apprenant ce qu’ont fait nos soldats à Bir Hakeim. Braves et purs enfants de France qui viennent d’écrire avec leur sang, une de ses plus belles pages de gloire
» – puis le Fezzan, la Tunisie, la Corse, l’Italie, et enfin Paris délivré par la 2è DB de Leclerc, « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé. Mais Paris libéré, libéré par lui-même, libéré par
son peuple, avec le concours des armées de la France. »
Malgré cela, Roosevelt laissera la France sur le bord du chemin. A Yalta où malade, il laissa Churchill seul face au lion Staline. La présence du Général aurait fait bouger ces lignes
Le Général de Gaulle a été le libérateur de la Nation en se battant aussi contre les ennemis internes de la France, « la France trahie par ses élites dirigeantes et par ses privilégiés
».
-Grâce à lui, en Août 44, les Français ont pu à nouveau lever la tête parce que le Général avait remis la France aux premiers rangs.
« Le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle même qu’au premier rang ». C'est fait
Le Général Eisenhower, malgré Roosevelt, déclare au Général de Gaulle « Pour la future bataille j’aurai besoin, non seulement du concours de vos forces, mais encore de l’aide de
vos fonctionnaires et du soutien moral de la population française. Il me faut donc votre appui, je viens vous le demander ».
Tout est dit, le Général de Gaulle vient de gagner l'ultime bataille.
Le Général Juin, à la tête de ses des Tabors Marocains prend le Mont Cassin, et ouvre la route de Rome aux Alliés qui s’épuisaient.
Puis Strasbourg, ville délivrée par les troupes de la 2ème DB et la prise du nid d’aigle de l’infâme, par les troupes du Général Leclerc.
Il restera à l'Armée de de Lattre de Tassigny de gagner des batailles sur le
Rhin et sur le Danube.
Nos troupes ont , avec courage et honneur, participé à la victoire finale.
Alors, vint le temps du Gouvernement de la France Libre
La France est libérée, le Général retrouve son bureau de la rue Saint Dominique, « Rien n'y manque excepté l'État, il m'appartient de l'y remettre ». Il s'assit et le remit à sa place.
Il installe le gouvernement de la République, qui va gérer la France pendant 29 mois : du 25/08/44 au 20/01/46.
Et c'est l'oeuvre magistrale, le Général de Gaulle écrit une autre page de l'Histoire de France, avec l’immensité de la tâche accomplie :
-droit de vote enfin accordé aux femmes.
- Transformation radicale de notre société avec l’ordonnance du 19 octobre 44 par laquelle il met en place la sécurité sociale. Le Général efface des siècles de peur, en supprimant
l’angoisse du lendemain, celle de la faim, de la maladie et de la retraite non assurée. Le système par répartition soude la nation avec la solidarité entre les hommes et entre les
générations.
- Le commissariat au Plan, qui suivra l’évolution de l’économie, la prévoira, et lui indiquera la route à suivre.
Il suscite la conscience du développement en laissant le Plan l'exprimer plutôt que le hasard que prône le tout marché.
- Création des comités d’entreprise qui doit associer l’ouvrier à la vie de l’entreprise. Faire en sorte que l’intérêt particulier cède toujours devant l’intérêt général : celui de la
nation.
Le Gal de Gaulle, fit de la République française, un exemple, comme Saint-Louis fit de la France un royaume exemplaire.
Assurer et assumer la souveraineté française, imposer l’ordre et la loi. La justice en cherchant toujours le juste milieu entre ordre et justice.
Exiger au-dehors, le respect des droits de la France, refaire son unité à l'intérieur. Plier à l’intérêt commun les éléments divers de la nation pour la mener au salut. -Voilà une partie de
l’œuvre réalisée.
En 44, il a fallu tout reconstituer
- L’armée qui devait encore se battre,
- Faire acquérir par la nation les principales sources d’énergie,
- Faire assurer par la nation, le contrôle du crédit avec la création d’un Conseil national du Crédit, la nationalisation de la Banque de France et des 4 banques de crédit,
- Rétablir le Conseil économique que Vichy avait supprimé et qui deviendra en 58, le conseil économique et social.
- Relever la natalité française et ce furent les allocations familiales,
- Ce fut aussi, l’Ecole Normale d’Administration, chargée de former les principaux fonctionnaires de l’Etat, et que créa Michel Debré.
Il a relevé les salaires de 40%, pour accroître la consommation, seule génératrice possible de production.
Il a fallu tout financer : les reconstructions et les décisions pour le renouveau, le furent grâce à l’emprunt de la libération.
Et aussi, assurer le contrôle de la circulation monétaire, le raccourcissement de la dette à court terme.- En 45, l’Etat peut à nouveau payer ce qui doit l’être et reprend à nouveau sa
condition d’Etat libre et indépendant. La nation est redevenue souveraine.
Malheureusement, les partis ragaillardis, recommencèrent à jouer à leurs jeux destructeurs. Le 20 janvier 1946, le Général de Gaulle renonce à ses fonctions de Président du Gouvernement provisoire de la République.
Vint alors la LA TRAVERSEE DU DESERT
Ce désert qui paraît souvent vide, fût très riche pour le Général car il lui permit de préparer l'avenir
-Avec le discours de Bayeux; une Constitution, Etat, indépendance et souveraineté. Ce sera l'un des quatre grands discours du Général, avec celui de Brazzaville qui annonce la fin du colonialisme, celui de Pnom Penh avec le droit des peuples à disposer d'eux mêmes et puis son intervention télévisée sur la PARTICIPATION - en réalité une 3è voie POLITIQUE, entre socialisme et libéralisme.
Le Gal affirma à Bayeux : que sur le sol des ancêtres réapparut l’Etat La France a besoin d'une Constitution, elle sera proposée aux Français en 1958 et 1962.
-Le suffrage universel sera la source des pouvoirs législatifs et exécutifs.
Les pouvoirs législatifs et exécutifs seront séparés.
Le Gouvernement sera responsable devant le Parlement.
L'autorité judiciaire sera indépendante .
Le Président de la République doit recevoir l'onction du peuple. Choisir son 1er ministre, qui lui déterminera et conduira la politique de la nation.
Le Président exercera son arbitrage sans contreseing et disposera de pouvoirs exceptionnels en cas de crise. Ce sera l'article 16
Le septennat, pour le Président et 5 ans, pour la législature.
Le Président est l'homme de la nation toute entière et se situe au-dessus des partis.
Cette œuvre a été détruite par le quinquennat et maintenant par les primaires, qui font du Président l'homme d'un parti et transforme la Ve République en régime présidentiel.
Ier article de la Constitution; La Souveraineté : c'est dire son combat pour l'indépendance de la France
Les institutions mises en place avaient assuré : stabilité et efficacité. Offert à la France des gouvernements stables, ce qui ne s’était pas vu depuis des lustres.
Elles répondaient au besoin de liberté, à celle de tous les citoyens. Elles y ont ajouté les notions de progrès et de bonheur, tout en assurant l'ordre, équilibre difficile à trouver :
La Constitution a résisté à tout :
A la fin de la guerre d’Algérie, à la démission du Général Président de la République,, à la mort du Président Pompidou, à l’alternance, la cohabitation. Elle se fissure avec l'arrivée du
Quinquennat et le régime des partis qui revient à la charge
La base de la Constitution de la Vème République : Un Président qui préside un Gouvernement, qui gouverne, un Parlement qui légifére, qui contrôle le Gouvernement, qui
peut le censurer et le renverser.
J'ai demandé à Mr Burin des Roziers, ancien secrétaire Général de l’Elysée : quels étaient pour le Général les attributs nécessaires pour mener à bien une politique d'indépendance ?
Il faut, m'a-t-il répondu, que notre pays conserve ses attributs incontournables que sont : Une constitution qui l’affirme, une armée qui la protège, une monnaie qui la manifeste, un peuple
rassemblé qui la soutient.
Cela est inscrit dans un livre écrit à plusieurs : La tragédie européenne et la France
Constatons que malheureusement, la plupart de ces attributs ont disparu armée, monnaie, peuple rassemblé.
L’œuvre du Général avec la Vème République, c’est la nation retrouvée. Le patrimoine national reconstitué et défendu. L’héritage de tous les grands morts qui d’une époque à l’autre ont fait la
France, sans que pour cela le Général soit resté le contemplateur d’un passé national aussi prestigieux fût-il. La Vème République, c’est une France moderne, avec une production industrielle qui a
doublé, un PNB qui a augmenté dans des conditions uniques pour un pays industrialisé, des investissements productifs qui ont augmenté de moitié, une période économique la plus brillante de notre
histoire, avec des performances exceptionnelles en matière d’éducation, de soins, de logements. Sous le Général de Gaulle les salaires ont augmenté en moyenne de 4% l’an, (en francs constants) ce qui
donna comme résultat une consommation des Français qui, elle, augmenta de plus de 50%, les transferts sociaux, allocations familiales, retraites, tout fut augmenté.
Et pourtant ce jour de 1958, où le Général entra à Matignon, la situation est catastrophique, je cite en partie Pierre Lefranc : plus de réserves en devises, le montant de la dette est énorme, le
déficit est de plus de 5% du budget, la valeur du Franc est réduite par une inflation galopante, la France est quasiment en faillite et quémande auprès des Américains, afin de terminer ses fins
de mois.
En quelques semaines, la situation est inversée, grâce à la confiance que le Général avait ramenée. La réussite de son Plan fut complet parce que le Général y associa les populations.
Tout fut stabilisé grâce au Vème plan qui demanda à ce que la production fût augmentée, la productivité accrue, et la compétitivité sans faille.
Dans le même temps, la Défense nationale fut assurée : Elle devait devait être française et elle le fut, l’explosion de notre première bombe atomique, le 13 février 1960 en fût un des éléments. La
théorie de la réponse du faible au fort, proposée par le Général Gallois avait porté ses fruits. La bombe permet le retour de la France dans le concert des grandes nations et de quitter
le commandement intégré de l’OTAN.
La politique étrangère du Général. Là je laisse la place à Monsieur Pierre Maillard, Ambassadeur de France, Conseiller diplomatique du Gal de Gaulle et Président du Forum Pour la France, dont je suis
le secrétaire Général
Cette politique a pris pour référence primordiale, non seulement l’existence de la nation, mais sa valeur en tant que phénomène de groupement social et moteur d’action efficace, avec comme première
exigence, le concept d’indépendance, étroitement lié à la souveraineté.
Ensuite existait la notion d’intérêts, et dans tous les domaines. Cette préoccupation suivie par le Gal, fut pendant des siècles au centre de notre politique étrangère.
Pour lui, toute préoccupation d’idéologie devait être bannie de la diplomatie, sauf pour la propagation vertueuse de certaines valeurs universelles – droit – liberté – humanisme.
Il voulait que s’impose une exacte appréciation des réalités internationales.
Notre diplomatie devait donc posséder une visée mondiale, avec la persistance de nos zones d’influence, liées à nos possessions d’outre mer et aux facteurs historiques, qui permettaient grâce à une
action et une présence étendues au monde, la sécurité de nos sources d’approvisionnement qui devait et devrait rester la préoccupation majeure de notre diplomatie.
Indépendance, souveraineté, non-alignement, l’État contre la féodalité, la nation contre l’empire, la vocation de la France qu’il voulait continuer à promouvoir avec sa mission de paix et
d’humanisme. Rappelons nous : « Il existe un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde ».
Voilà pour les oeuvres réussies, mais une, reste inachevée
« La PARTICIPATION » qui devait être la grande réforme du siècle .
Ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant. Autre chose. Quoi ? Et bien quelque chose de simple de digne et de pratique qui est l’Association, il s’agissait là d’un projet
politique.
Nous prétendons faire de la France ce qu’elle doit être suivant sa vocation, je veux dire un modèle et un guide quant à la condition des hommes. Participer activement à son véritable destin, voilà la
grande réforme française de notre siècle » a t-il dit.
Il fallait donc combattre l’exploitation de l’homme par l’homme et l’éternel abus. Le 24 avril 1969, le Général a trébuché sur son projet.
Pour conclure je dirai :
La plus grande œuvre du Général pour votre serviteur fut
- La résurrection grâce à lui du regard des Français sur la France,
- Le nouveau regard que le monde a alors porté sur la France.
Henri Fouquereau